Tuesday, November 22, 2005

Paris ne brûle pas !

Bien sûr me dira-t-on, on ne peut pas juger du retour au calme et de l'état des banlieues après avoir fait un week-end de tourisme au sein de la capitale! De tourisme en outre "élitiste" puisque nous avons profité de ce week-end pour voir deux pièces jouées actuellement à Paris. Cependant je tenais à faire en quelque sorte contre-point à certains textes lus dans des blogs qui indiquaient que la ville lumière était à feu et à sang, que la situation était intenable et que cela signifiait la fin du "modèle d'intégration européen" (si tant est qu'il en existe un...). Alors, juste pour remettre les idées en place à ceux qui regardaient cela presque en souriant parce que cela leur permet de mettre en avant le système d'intégration américain, je soulignerai que :

1. Lors des trois semaines de troubles, sans doute grâce au sang-froid des autorités et de la police, il n'y a pas eu mort d'homme, ce qui n'a pas été le cas lors des Riots de Los Angeles.

2. La situation ne s'est pas transformée en "Intifada", comme certains média ont voulu le faire croire. Le terme Intifada renvoyant directement à la question palestinienne, il faut noter que les arabes se sont nettement moins soulevés que les Africains, par exemple.

3. Le tout a été fortement envenimée par les médias. Je pense notamment à France 2 qui a tronqué le reportage où Sarko a utilisé le mot "racaille" qui a mis le feu à la goutte qui a fait déborder le vase.

Quoiqu'il en soit, il ne faut pas se voiler la face, sans mauvais jeu de mots, problème il y a et problème il y aura, tant que de tels ghettos existent - notamment parce que des banlieues riches contournent la loi et préfèrent payer une amende que d'avoir à accueillir, pas le biais des logements sociaux, la population en difficulté, et tant qu'on n'osera pas dire ce qui ne va pas, notamment le fait que l'immigration a été totalement incontrôlée en France, avec une politique de regroupement familial, si elle est certes humainement compréhensible, est politiquement ingérable. Problème il y aura aussi, tant que la France n'offre pas comme autre rêve de réussite sociale celle de finir dans le 11 de France (ou sur le banc du 11 de France, ce qui n'est pas mal non plus...).

Quelques intellectuels (dont Kahn, dans le dernier numéro de Marianne, dont on ne trouve pas trace malheureusement sur le dossier consacré aux banlieues de l'édition en ligne) proposent de rétablir, à la place du service militaire, un service civil obligatoire (et non facultatif, comme cela a été proposé). Cela permettrait un brassage social, ethnique et culturel. Mais souhaite-on vraiment obtenir cela ?

Update 1 : Dans l'Express, Sarkozy répond largement sur la question des banlieues. Non pas que je sois d'accord avec tout ce qu'il avance, mais il livre certaines pistes intéressantes. Dommag qu'il fasse une dichotomie social / emploi (il ne faut rien faire pour le social, tout pour l'emploi...) Extraits :


Première erreur: on a cherché à aider des territoires plutôt qu'à aider des individus. Aider des territoires, ça veut dire aider tout le monde, celui qui veut s'en sortir, mais aussi celui qui ne fait rien pour cela. Ça permettait à la société de se dérober et d'ignorer qui il fallait aider, c'est-à-dire les personnes issues de l'immigration maghrébine et d'Afrique noire. On n'a pas eu le courage de dire cela et on s'est protégé avec l'aide au territoire. Deuxième erreur: on a fait du social là où il fallait offrir du travail. On a aidé les colonies de vacances, on a créé des terrains de football, on a distribué des subventions là où il fallait donner une formation. Troisième erreur: on a refusé de regarder le problème des banlieues en face. On a nié l'existence de bombes à retardement à dix minutes du centre de la capitale de la France et de la plupart de ses villes. Quatrième erreur: on a laissé à penser qu'on pouvait confondre générosité et impunité. L'impunité, ce n'est pas de la générosité, c'est de la complicité. Voilà les quatre erreurs et les quatre changements de cap profonds que je souhaite réaliser.

(...) Mais ce ne sera pas une police de proximité pour dire bonjour à des commerçants qui, par ailleurs, ont déserté ces quartiers, ce sera pour interpeller, pour protéger et pour punir chaque fois que ce sera nécessaire. La police va arriver dans les quartiers à 17 heures et partir à 4 heures du matin, parce que ce sont les horaires des voyous qui trafiquent de la drogue ou volent des voitures! Ça, c'est de la vraie prévention et de la protection. Demandez aux habitants de la Cité des 4 000, à La Courneuve, pourquoi elle est restée calme ces derniers jours! Demandez-leur si la situation n'a pas changé! Parlez aux vrais habitants de cette cité, où je suis allé trois fois, et vous verrez s'ils trouvent qu'il y a trop de police!


Et Sarko possède un talent pour botter en touche :

N.S. Vous devriez dire: enfin un ministre de l'Intérieur républicain! Le droit de vote des étrangers, par exemple, c'est un facteur d'intégration.
Express : Mais ce n'est pas le sujet du moment, puisque ces émeutiers sont quasi tous Français et ont donc le droit de vote!
N. S. C'est vrai, mais cette question du droit de vote je l'ai soulevée dès 2001 dans mon livre Libre. En rappelant cette proposition, j'ai simplement voulu dire que je ne faisais pas d'amalgame. Par ailleurs, 15 pays sur 25 dans l'Union ont déjà donné le droit de vote aux étrangers. Au fond de moi, je pense qu'on n'a pas été assez ferme sur le respect des devoirs et pas assez généreux sur l'expression des droits. Profondément, je crois que les civilisations sont plus mortelles par les risques de consanguinité que par l'ouverture. On disparaît quand on se referme sur soi- même. La France n'est que l'histoire d'une diversité qui nécessite, d'ailleurs, un Etat fort. C'est la force de cet Etat que je rétablis dans les banlieues et jamais l'expression Compagnie républicaine de sécurité n'a été aussi vrai !



0 Comments:

Post a Comment

<< Home