Deux pièces parisiennes
Une petite escapade la semaine dernière nous a permis de découvrir deux nouveautés sur la scène parisienne. Tout d'abord Une heure et demie de retard, de Sibleyras et Dell, déjà auteurs de l'excellent Un petit jeu sans conséquence. Patrick Chesnais et Evelyne Buyle y campent un couple marié depuis 30 ans, qui se rend à un dîner important pour l'avenir du mari. Mais l'épouse décide que ce soir, elle n'ira pas à ce repas, elle veut discuter, au grand dam de son mari qui lui, préferait discuter le lendemain. Rien n'y fait, et, pour le plus grand délice des spectacteurs, tous les sujets du couple y passe : la fidélité, prise à contre-pied, le travail, la retraite qui sonne pour la femme qui voit son dernier enfant quitter le foyer, les relations parents-enfants... Le tout soutenu par des dialogues vifs et très naturels.
Une réplique : Lui : "Attends, tu viens de me dire que tu ne m'as pas trompé avec Jacques. Non mais tu te rends compte que nos dernières vingt années de mariage sont basées sur un mensonge !"
La seconde pièce était nettement plus "trash" : La Chèvre ou qui est Sylvia, de E. Albee. Connaissant l'auteur de Qui a peur de Virginia Woolf, je pensais bien que la pièce serait assaisonée au vitriol; mais à ce point... Je me disais que la présence d'André Dussolier allait quelque peu à l'encontre de ce préjugé. Sans doute la plus grande partie des spectateurs aux cheveux blancs et parsemés devait penser la même chose : ils ne se sont guère chauffé les mains à la fin du spectacle. Moi même j'étais assez mitigé à la fin de celui-ci. Car celui qui ne ressent pas de malaise pendant cette pièce a des soucis à se faire au niveau soit de ses tendances sexuelles, soit de ses capacités linguistiques. En effet cette chèvre du titre n'est autre que la maitresse du personnage principal de la pièce, campé par Andre Dussolier. Un architecte riche et reconnu, entouré d'une femme intelligente et délicieuse, d'un fils dont il feint ne pas désapprouver l'homosexualité. Et qui trompe sa femme, comme dans un bon vaudeville, mais avec un animal à barbichette blanche. Albee veut créer le malaise, veut transgresser, et par là-même nous interroge : jusqu'ou peut-on aller trop loin ? Quels sont les tabous aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est le plus problèmatique : avoir de tels penchants ou le fait que les autres l'apprenne ? Sur le moment la pièce agit comme un coup de poing - elle ne laisse pas indifférent - et elle a le mérite de nous faire réfléchir et discuter à la fin de la représentation.
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