Iran iran, petit patapon...
Tandis que la presse helvétique tient son os avec la question des chiens dangereux ou de l'affaire des grandes oreilles, pendant ce temps, pas si loin de nous finalement, un pays essaie d'acquérir l'arme nucléaire. Un pays qui n'est réputé depuis 3 décennies, pour sa très grande sympathie envers l'Occident... Je suis bien conscient qu'en Suisse, nous sommes relativement peu impliqués, mais est-ce que l'Occident devra un jour regretter son inaction actuelle ? C'est la théorie développée ici. L'auteur, un professeur d'histoire de Harvard, s'imagine comment le monde traitera les causes de la guerre nucléaire de 2007. Il voit dans l'inaction une répétition des événements de Munich 1938. J'ai déjà pu remarquer que ce paralèle est très souvent effectué dans les blogs soutenant l'engagement des Etats-Unis en Irak. Est-il justifié ? Difficile de le dire, tant il est vrai que l'histoire, à mon avis, ne se répète jamais véritablement. On peut voir des ressemblances, mais chaque situation possède sa propre logique interne, des personnages qui ont des psychologies différentes, et agissent différemment que leurs prédécesseurs.
Je trouve intéressant qu'un historien visiblement renommé prenne ouvertement parti dans le débat, de manière assez claire en tout cas. Je n'ai rien lu de lui mais souhaite entamer la lecture de Colossus, un de ses ouvrages, dont le résumé est le suivant :
Is America the new world empire? Presidents from Lincoln to Bush may have denied it but, as Niall Ferguson's brilliant and provocative book shows, the US is the greatest military and economic colossus of all time. What's more, it always has been an empire, with its founding fathers battling westwards for territory and their successors spreading freedom across the world - at gunpoint if necessary. Yet is the US really equipped to play Atlas, bearing the weight of the world on its shoulders? America, Ferguson reveals, is now an empire running on empty, backing away from the crucial imperial commitments of time, money and manpower - and resting on perilous financial foundations. When the New Rome falls, its collapse may come from within.
L'analyse se rapproche visiblement de "La fin de l'Empire". En tout cas, et Fergusson le souligne, les USA ne peuvent pas se permettre d'ouvrir un 3ème front avec un pays, ne l'oublions pas, entre l'Irak et l'Afghanistan. Cela Teheran l'a sans doute compris. La guerre en Irak aura donc un effet négatif de plus, après avoir dévalorisé la notion de preemptive stricke, celui de ne plus pouvoir avoir d'option militaire dans un cas qui pourrait véritablement être nécessaire.
Alors, que faire pour le moment ? Sisyphe propose que l'Iran soit interdit de Coupe du Monde de Foot ! Attention, la Suisse a déjà sorti les Turcs, si Blatter sort les Iraniens, il va recevoir une Fatwa dans les plus brefs délais !
Update I : 19.01. Il semble que l'UE soit également à bout de patience. Mais la position de la Chine et surtout de la Russie est très ambigue. Tiré du Figaro :
FACE À L'IRAN et ses velléités nucléaires, l'Union européenne ne transige plus. Les représentants de l'«UE3», c'est-à-dire la troïka composée des diplomaties française, anglaise et allemande qui durant deux ans et demi a négocié avec Téhéran pour le faire renoncer à son programme nucléaire, ont refusé hier de reprendre les négociations, comme le demandaient leurs homologues iraniens.
Les Européens, à bout de patience, estiment que leurs interlocuteurs à Téhéran manquent de sincérité. Un dirigeant britannique a qualifié de «vide de sens» l'offre iranienne présentée dans une lettre par Javad Vahidi, le secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale.
(...)
Mais la tentative de conciliation de Londres a échoué. Moscou et Pékin renâclent à traîner l'Iran devant le Conseil de sécurité et sont opposés à l'idée de sanctions. Pour les deux puissances orientales, qui détiennent un siège permanent à New York, soumettre l'Iran à un embargo reviendrait à se tirer une balle dans le pied : de fructueux liens commerciaux ont été noués avec les mollahs. Moscou fournit Téhéran en armements dernier cri, comme les redoutables missiles Tor M1, et lui achète du gaz et du pétrole, comme Pékin.
3 Comments:
Quand on rappelle les évènements de Munich on est effectivement rapidement vu comme étant déjà néo-con (ou comme déja vraiment con, selon les milieux...). Je suis d'accord avec toi que l'histoire ne se répète pas. Cependant, quelques leçons et certains principes peuvent en être déduits, notamment que l'inaction face à une menace grandissante a son prix. Au meilleur cas, on devient sujet au chantage. N'oublions pas que les fusées Shahab 5 (sauf erreur) en dévelopment seront selon toute vraisemblance capables d'atteindre Bordeaux.
Le premier pas devrait être d'atteindre un consensus en Europe qu'un Iran nucléaire n'est - en aucun cas - acceptable. Et ce sans exclure les options militaires d'avance comme cela a été commis.
Je suis tout à fait d'accord avec ton dernier paragraphe. Il me semble que l'Europe est d'accord sur le côté inacceptable d'un Iran nucléaire. Elle n'est par contre pas prête à s'engager militairement - mais les USA non plus, et à mon avis s'il n'y avait pas eu le bourbier irakien, cela ne serait pas le cas.
Enfin, il semble que la Russie soit également prête à hausser le ton.
Pour revenir au premier paragraphe, c'est juste que j'ai de la peine à recourir à l'histoire comme moyen de prévoir l'avenir, je le répète. On peut trouver des exemples contraires d'apaisement. Chaque situation est différente. Par contre, je trouve très bien qu'un historien tente d'expliquer comment certains événements actuels peuvent se déveloper, en fonction de ces connaissances. Mais il faut toujours être prudent, d'autant plus que, je m'en rends depuis plus en plus compte, il y a souvent une idéologie sous-jacente, d'un côté ou de l'autre. A part cela, tu connaissais cet historien ?
Non, je ne connaissais pas l'historien.
Le fait que les Américains sont en Irak n'est à mon sens pas seuleemnt mauvais. J'avais suggéré l'idée sur mon blog: si on imagine qu'à côté d'un Iran qui essaie d'acquérir la bombe, on avait encore Saddam, le chaos serait parfait (et encore plus difficile à surmonter). Il est clair que leur engagement actuel ne facilite pas les choses. Mais cela montre à quel point il aurait fallu régler le problème de Saddam plus tôt et qu'il ne faut pas "répeter" la même faute par rapport à l'Iran en attendant et en laissant apsser le temps.
D'ailleurs, je ne crois pas que les Américains devraient régler le problème tout seuls. Il y a aussi les Européesns qui sont concernés (en deuxième ligne, puisqu'Îsraël est en première). Et 1991, on avait même réussi à convaincre les Etats Arabes qu'un engagement aux côtés de Bush père était dans leur intérêt. C'est peut-être illusoire de nos jours (pour l'instant), mais sauf la Syrie actuelle, personne ne veut d'une bombe iranienne. Un changement de régime en Syrie serait en tous les cas bon pour la région et pour le règlement du problème iranien.
Cela montre en tous les cas qu'on ne choisit pas toujours ses ennemis et le moment "parfait" pour s'en prendre à eux. Les semaines et les mois à venir vont demander un grand art de diplomatie et de "coalition-building". Je ne fais pas confiance aux Européens pour faire cela. Peut-être que Condie...?
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