Un procès à suivre
Le Monde revient sur un procès qui fera du bruit en Turquie (non, non, chers amis sportifs, on ne parle pas du match de l'équipe suisse, désolé), celui d'Orhan Pamuk qui a ouvert une boîte de Pandore en dénonçant le génocide arménien que la Turquie ne reconnaît toujours pas.
Orhan Pamuk n'est pas venu seul au tribunal de Sisli. Des dizaines de défenseurs des droits de l'homme venus du monde entier et une délégation du Parlement européen devaient assister à l'audience. C'est vendredi 16 décembre que devait s'ouvrir, à Istanbul, le procès du romancier, auteur de Neige (Gallimard, 2005) et récompensé par plusieurs prix littéraires cette année.
M. Pamuk est accusé d'"insulte à l'identité nationale turque" pour avoir déclaré, en février, dans un entretien à l'hebdomadaire suisse Das Magazin, que "sur ces terres, un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués". Ces propos lui font encourir de six mois à trois ans de prison.
Face à ses accusateurs, l'écrivain, qui avait refusé en 1998 le statut d'artiste d'Etat, n'est pas décidé à renier ses propos. Volontiers provocateur, se plaisant dans un rôle d'ambassadeur des libertés, il s'est montré offensif. "Le gouvernement turc a peur de se dresser face à la vieille garde nationaliste", a-t-il affirmé.
Ce procès est symbolique d'une liberté d'expression sévèrement encadrée. Le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn, a averti que "ce n'est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie". Et d'autres procédures, au titre de l'article 301 du nouveau code pénal, visent actuellement de nombreux éditorialistes, journalistes ou éditeurs.
Une affaire à suivre...
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