Sunday, March 05, 2006

Syriana


La semaine dernière, je suis allé voir Syriana. Film puissant, à l'histoire emberlificotée et par moment difficile à suivre, mais qui se délie magistralement sur la fin. On en ressort avec l'impression d'avoir reçu un coup de poing dans le ventre, et avec un sale goût dans la bouche, car les événements dramatiques qui se déroulent dans le film nous permettent de vivre finalement confortablement.

Pour résumer, l'histoire, qui se base sur le récit See no evil d'un ancien agent de la CIA, tourne autour d'une intrigue politico-économique au Moyen-Orient, où les Etats-Unis decident d'intervenir "discrètement" pour contrecarrer les stratégies energétiques chinoises. Le film représente clairement une dénonciation de la stratégie US au pays de l'Or noir. Une stratégie qui imbrique hommes politiques, juristes, agents secrets et magnats du pétrole. Les acteurs sont excellents, emmenés par un George Clooney déguisé en Jean Yanne, le rythme est rapide, on passe donc un très bon moment.

Politiquement, je me demande si l'histoire tient la route. Qu'il y ait de nombreuses implications entre monde politique et pétrolier, aucun doute. Par contre est-ce que les Etats-Unis auraient-ils vraiment la volonté d'éliminer un dirigeant progressiste d'un tel pays ? Et qu'ils arrivent à éliminer un dirigeant comme ils le font, avec une certaine facilité. Je ne sais pas... Il serait intéressant de lire le bouquin qui a servi de référence au film. Autre point qui m'a "dérangé", c'est le raccourci fait entre la mise au chômage du personnage pakistanais et son enrôlement dans le terrorisme... On a de nouveau en quelque sorte l'amalgame : ils sont terroristes parce qu'ils sont pauvres. Or ce n'est pas toujours le cas. Par contre il est sans doute assez juste de voir que les écoles coraniques attirent du monde parce qu'elles peuvent fournir toit et nourriture. Enfin, le film pose pas mal de questions. Costa-Gavras disait récemment à la radio romande qu'un film ne peut pas changer le monde, mais qu'il peut nous pousser dans l'atelier de l'historien. Syriana fait exactement cela.

2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Pour un autre point de vue, voir Oliver Kamm (en anglais)...

2:48 PM  
Blogger Jack said...

Je sais, j'avais lu hier justement l'article du Washington Post "Oscars for Osama" auquel le billet d'Oliver Kamm fait référence.

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/03/02/AR2006030201209.html

Un de ces arguments principaux, et je le rejoins en partie, est que les USA soutiennent une personne comme Karzaï qui est un parangon de progressisme.

What is grotesque about this moment of plot clarity is that the overwhelmingly obvious critique of actual U.S. policy in the real Middle East today concerns America's excess of Wilsonian idealism in trying to find and promote -- against a tide of tyranny, intolerance and fanaticism -- local leaders like the Good Prince. Who in the greater Middle East is closest to the modernizing, democratizing paragon of "Syriana"? Without a doubt, President Hamid Karzai of Afghanistan, a man of exemplary -- and quite nonfictional -- personal integrity, physical courage and democratic temperament. Hundreds of brave American (and allied NATO) soldiers have died protecting him and the democratic system they established to allow him to govern. On the very night the Oscars will be honoring "Syriana," American soldiers will be fighting, some perhaps dying, in defense of precisely the kind of tolerant, modernizing Muslim leader that "Syriana" shows America slaughtering.

Par contre ce que Krauthammer omet de dire, c'est que les Etats-Unis (et les européens également) soutiennent aussi l'Arabie Sauoudite et surtout ont de nombreux liens avec d'anciennes républiques soviétiques qui ne sont pas des modèles de démocraties, mais sont extrêmement intéressantes au point de vue stratégique.

Je ne juge pas, c'est comme cela que ça se passe, et cela nous permet de rouler à plein pots toute la journeé; et je n'ai pas l'impression que le film soit aussi manichéen que son opposant veuille le dire.

12:17 AM  

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