Tuesday, September 26, 2006

On se les sort !

Il y a des signaux politiques forts qui aujourd'hui ne trompent pas. Et c'est avec plaisir que l'ensemble du monde de droite pourra constater que finalement, la musique des djeuns n'est pas uniquement à exprimer des appels à brûler des voitures sentiments de révolte, mais peut aussi véhiculer un message productiviste voire stakkanoviste. J'en veux pour preuve la nouvelle chanson (bon d'un côté je suis pas sûr qu'elle soit nouvelle, mais en tout cas, je l'ai vue pour la première vois hier; oui, ce genre de clip se voit plutôt que s'écoute; et d'un autre côté, je ne suis pas complètement sûr non plus que ce soit une chanson, mais enfin, on leur laissera le bénéfice du doute) de Tribal ... groupe visiblement engagé.

J'veux qu'tout le monde bouge ses fesses,

C'est vrai quoi, c'est pas normal de rester à glander au chômage au lieu d'essayer de bosser comme les honnêtes gens.

Qu'les femmes oublient leurs complexes,

Ben oui, même les femmes peuvent s'y mettre. Franchement, rester à la maison et élever les gosses, ça rime à quoi. Allez, hop, au boulot !

Façon sexe, oh ouais.

En plus, pour les filles, y'a la promotion canapé, ce qui vous avantagent vachement par rapport à nous, les hommes...

Oui maintenant faut qu'ça bouge,
Que tout le monde soit dans l'move,

Politiquement, le move, c'est une nouvelles couleur. Tribal ils ont pas voulu reprendre le rouge ou le rose, un peu trop connoté à leur goût.

Façon sexe, oh ouais.
(bis)


Ma mission faire bouger sans tabou,

Pour trouver un boulot de nos jours, il faut savoir être flexible. Par exemple si on habite Paris, il faut pas avoir peur d'aller jusqu'à Marseille pour trouver de l'embauche. En plus les Parigots et les Marseillais me semblent fait pour s'entendre.

Sans pression ni relâche jusqu'au bout,

Il ne faut pas boire de bière pendant le boulot, même sur un chantier, sinon, on se retrouve à la SUVA déjà à midi. Et surtout, faut se dévouer corps et âme pour son nouveau job, pendant toute la journée.

(vous partagez ma passion, cela vous donne des raisons)

Moi aussi, je veux vous redonner l'envie d'avoir envie...

D'innover l'maximum sur cette piste,

Même si tu bosses à Orly, il faut avoir de l'imagination.

Allons jusqu'au summum, oui j'insiste,

Bon là, j'ai pas fait latin au collège, alors j'ai un peu de peine à comprendre ce qu'il veut dire. Le rap commence à devenir franchement compliqué pour les incultes de mon espèce.

(effaçons toutes les tensions, ce soir, c'est dance hall à fond)

Si on met de la musique lors de la soirée d'entreprise, il faut se lâcher; tout manager vous le dira, c'est bon pour le corporate identity.

Quand j'prends le mic, j'm'enflamme,
J'vous sens bien hot mes dames,
(c'est ça que j'veux, j'veux mettre le feu)
J'sens la chaleur qui s'installe,

Consigne pour le bac : repérer dans le paragraphe précédent un champ lexical et indiquer quel rapport on peut y trouver avec les émeutes des banlieues de l'an dernier.

Certains talents se dévoilent,
(de mieux en mieux)
Oh non...

C'est le rôle des RH aujourd'hui de découvrir quels sont les points forts du personnel de l'entreprise....

(RAP)

Un petit intermède de rap permet à coup sûr de toucher le public-cible djeun.


Hey ho, c'est du son pour les go man,
Hey ho, ce soir c'est pour les sexy woman,

Désolé de vous contredire, mais il me semble que hey ho, c'est plutôt les 7 nains.... Justement ils rentraient du boulot, eux.

(danse sans complexe, oublie ton ex)

T'inquiète pas pour ton ancien boulot, t'en retrouveras un autre, si tu cherches bien.

Hey ho, du nouveau dans ta sono man,
Hey ho, mon blase à moi c'est Many one,

Tandis que mon Blase à moi, c'était Yves Montand dans la Folie des Grandeurs. Je me souviens bien.

Et puis on retrourne plusieurs fois au refrain.

Bon, comme le message du clip n'est pas très très folichon et motivant pour les djeuns qui écoutent cette chanson, les producteurs du groupe ont jugé préférable d'enrober la pilule amère par un clip dont les images n'ont que peu à voir avec le message profond et engagé du texte. Mais bon, la fin justifie les moyens. Si ça peut redresser la France....

Friday, September 22, 2006

Moi mon colon celle que j'préfère....

Cette semaine, trêve de gaudrioles et de saillies drôlatiques ! Lançons nous plutôt dans l’écriture d’un billet qui saura joindre l’utile à l’agréable. L’utile, c’est faire de la publicité pour un concert qui le mérite, et l’agréable, c’est de prendre enfin le temps de parler de personnages qu’on apprécie tout particulièrement.

Tous les deux sont moustachus, amoureux de la langue française. Si l’un a choisi de sortir quelque peu du droit chemin, l’autre a préféré dans un premier temps remettre les gens sur celui-ci. Quand le premier est mort, le second a pleuré, du moins cela est resté dans ma mémoire de gamin, car on ne voit pas souvent un adulte pleurer (mais comme disait Desproges, « j’ai pas honte de le dire, j’ai quarante ans passés, et bien le jour de mort de Brassens, j’ai pleuré comme un gosse ; tandis que le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois des moules tiens »). Déjà à l’époque, Jo Crittin admirait le chanteur sétois avec qui il avouait une certaine ressemblance, et il gratouillait déjà suffisamment bien sa guitare pour reprendre quelques airs. Mais ce n’était pas assez pour pouvoir se produire en concert. Alors, entre deux plaidories, une réunion de sociétés philanthropiques et des matchs du FC Sion, il a travaillé, retravaillé et reretravaillé ses gammes pour finalement se lancer sur scène, et reprendre les chansons du grand Georges.

Après quelques galops d’essai prometteurs, il s’est entouré d’une fine équipe de musiciens, qui a su se réapproprier les airs, beaucoup plus difficiles qu’ils ne le paraissent de prime abord, de celui qui aurait voulu être enterré sur une plage de Sète. Et ils le font avec goût et brio. Cerise sur le gâteau, le programme habituellement choisi reprend des textes parfois moins connus de Brassens, qui sont bien souvent les meilleurs.

Aurons-nous droit à une Tempête dans un bénitier ? A un Orage ? aux Trompettes de la Renommée ? Moi mon colon celle que j'préfère, ça reste la Supplique...

Tout cela pour vous dire que si vous habitez dans la région de Fribourg et que vous appréciez la musique de Georges Brassens, rendez-vous le 13 et 14 octobre au KellerPoche de Fribourg, à 20h30.

Thursday, September 14, 2006

Mal-aimé, je suis le mal-aimé....

Berne, Réunion traditionelle du Conseil Fédéral, mercredi 13.09.06

C : C'est fraiment un skandale ! Che vais chentiment gez les Romands à Infrarouche pour expliquer comme il faut voter Nein, enfin, je veux dire oui, pour einmal, et regartez komme ils me traitent! Il y a Mix et Remix, les deux qui ont pas arrêté te se moker afec tes tessins !

P: Bah, Christophe, c'est que toi tu sais pas comment c'est qu'on doit faire ! Il faut montrer que tu sois le chef. Que si les dessins ils te plaisent pas, tu fais fermer la Télévision, parce que dans une démocratie, c'est le chef qui gouverne, tu vois comment ?

C : Ze klair, che essayé ! Ma Silvia, elle a téléfoné, téléfoné toute le jour pour dire il faut enlefer les Tessins.

Mo : Hein, quoi, enlever le Tessin ? Mais non, après je peux plus aller en vacances sur le lac de Lugano, et ça, ça serait une catastrophe.

P. : C'est bon Moritz, rendors toi. Le Christophe, il voulait dire dessin. Que tu t'inquiètes pas trop, Moritz, moi aussi, que j'y tiens au Tessin, avec ces festivaux de Locarno où je peux aller me montrasser avec les flashs qui crépitassent...

C : Pon pref, le Infrarouche, ils ont tout passé et maintenant les chournaux welsches, ils me tombent tous dessus sur la Silvia et moi !

Mi : Non mais alors ça moi je comprends pas, je comprends pas je comprends pas. Quand moi je vais à Infrarouge, Romaine me file les questions, elle me demande avec qui je veux débattre, elle me donne du Mme la Conseillère fédérale ceci, Mme la Conseillère fédérale cela...

HR : C'est les Romands, ils zaiment pas les suisses-allemands. Moi on se moque de moi parce que je viens d'Appenzell, et on me comprend pas du tout. Pourtant, je fais tout, je débloque même des crédits - ça fait mal, je peux vous dire - pour qu'on m'aime.

P : C'est bon De Funès, c'est bon. Qu'est-ce que c'est que ton problème, finalement ? C'est que t'es plus aimé chez les bourbines que chez les Romands. Que t'as qu'à prendre le bon exemple sur moi : tu sors deux trois vérités que y'a personne qui veut entendre, du genre "faudra bosser pour assurer l'AVS" et c'est bon, ta cote de popularité baromètre Illustré-Hebdo-Edelweiss se nivelle tip-top nickel. 20% des deux côtés.

Mi : Ou bien tu fais comme moi je fais, tu racontes des tas de trucs qu'on aura pas discuté lors de notre petite réunion du mercredi, mais qui font plaisir à tout le monde. Genre : "Etats-Unis, méchants, méchants, bouh ! Patrons, exploiteurs, vilains !" Et là moi je dis que ta cote de popularité explose.

C : Bah, za me paraît gand même un peu tifficile te tire des choses pareilles.

P : Ouais que t'as raison, Christophe, des choses pareilles !

Thursday, September 07, 2006

La diaspora (1ère partie)

Après moult réflexions sur le thème du prochain billet, je me suis dit qu'il valait la peine de jeter une lumière crue sur une diaspora qui n'a jusqu'à aujourd'hui pas reçu toute l'attention qu'elle mérite, à savoir la diaspora valaisanne (prononcer Djaspora). J'espère qu'aucun lecteur ne verra là une basse manoeuvre mercantile visant à contenter une grande parte de mon lectorat qui s'est récemment connectée à Jackadit suite à un article précédent.

La diaspora du Vieux pays est l'une des plus importante diaspora à l'intérieur même du pays dont elle fait partie. D'ailleurs, on trouve extrêmement peu de membres de cette communauté en dehors des frontières helvètiques, sinon ça serait beaucoup trop dur de rentrer en Valais le week-end. Contrairement à d'autres diaspora dont on dit qu'ils ont des attributs physiques similaires, difficile de reconnaître un Valaisan d'un autre citoyen helvétique (à part des Appenzellois parce qu'ils ont une boucle d'oreille et qu'ils sont petits). Mais, miracle, dès qu'il se met à parler, le doute n'est plus permis.

Observons donc ces deux cadres bancaires qui se rencontrent, dans la sollenité de leur costume trois pièces, pour un repas d'affaires, sans savoir auparavant avec certitude que son interlocuteur provient du même canton (l'un s'appelait Evéquoz, l'autre Fournier, y'avait donc d'emblée un doute): après deux phrases, le premier demande : dis-donc, tu s'rais pas valaisan ou bien ? L'autre répond du tac au tac : Toi aussi ? des choses pareilles ! Droit derrière, ils font schmoliz, commandent une bouteille de blanc à la place de la San Pellegrino - Marc Rosset, si tu nous lis, on pense à toi - et se mettent à parler de leur beau pays à la place du contrat qu'ils auraient dû signer, mais y'a des choses plus importantes dans la vie que les contrats, à moins qu'il s'agisse d'un contrat de mariage portant sur la somme modique de 45 millions de Livres sterling, quel con ce McCartney. Enfin bref.

Des études scientifiques rigoureuses ont réussi à prouver sans l'ombre d'un doute que par la suite, en moins de 30 secondes, les deux personnes auront trouvé une connaissance commune, que ce soit un ancien camarade de classe, un membre de la parenté ou encore un collègue de fanfare.

Les exilés valaisans se morfondent bien souvent dans leur terre d'accueil. Pour chasser ce spleen existentiel, ils consultent au moins une fois par jour la Bible, soit sur internet, soit en l'achetant directement au kiosque. Cet exercice permet au Valaisan de survivre pendant les cinq premières jours de la semaine, donc de tenir jusqu'au vendredi, jour béni qui pour la majorité de la diaspora, signifie le retour en Valais. Ce retour obsède l'exilé qui pendant toute la journée est comme un lion en cage, qui n'attend qu'on ouvre la porte pour aller bouffer le petit gamin qui le jour avant n'a pas cessé de lui jeter des cacahuètes dessus. Saleté de gamin. Donc au niveau productivité, c'est pas top. A 16h30, il est dans les startings-blocks, prêt à rentrer, qu'il travaille à Genève, Berne ou Romanshorn. Tel le saumon, il doit remonter vers ses origines. D'ailleurs, avec un peu de bol, il y rencontrera la femme de sa vie ce week-end au Mira (c'est en tout cas une des opinions largement répandues chez les specimens mâles). Dans le train, on reconnaît facilement le specimen, attablé par groupe de quatre dans un wagon avec une bouteille de Johannis' de meilleur tonneau, et faisant la revue des activités festives du week-end. En voiture, ils sont sur la piste de gauche pour être le plus vite possible dans le Vieux pays, et laissent systématiquement échapper un "aaaahhhh" de soulagement lorsqu'ils passent entre les deux tunnels de St-Maurice. Les autorités fédérales avaient d'ailleurs, par un stratagème fallacieux, tenté de mettre fin à ce flot incessant, en bouchant un des tunnels qui permettaient le passage. En vain.

Friday, September 01, 2006

Che veux les mêmes !

Une question me tarabuste ces derniers jours. Je sais, vous vous imaginez des tas de trucs hyper-importants, genre des interrogations pédagogico-didactiques, ou des questions existentielles : d’où venons-nous, pourquoi sommes-nous sur cette foutue planète, c’est à qui de faire atout déjà ? Que nenni ! il s’agit d’une question beaucoup plus prosaïque : pourquoi notre bambin, fort charmant au demeurant avec son entourage sauf quand il a faim, se réveille et lorsqu'il est de mauvais poil, se transforme en Jo la Terreur de la place de jeu, dès qu’il voit sa contemporaine de 20 mois débouler sur ses terres ? Pourquoi, tandis qu’il joue sans aucun problème avec les autres garnements de son âge, il s’évertue, jour après jour, à essayer de s’emparer de la tignasse blonde de cette petite ?

Doit-on voir dans ce comportement l’affirmation machiste de sa virilité, lui qui s’est sans doute déjà rendu compte que s’il veut tirer les cheveux des demoiselles, autant le faire tout de suite et ainsi prendre de l’avance sur les futures difficultés qui attendent les difficultés que devra affronter tout être masculin normalement constitué dans sa relation avec le beau sexe ?
Est-ce pour protester contre la condition difficile des bébés, condition qui avait déjà été dénoncée de manière véhémente et avec brio par un chanteur du nom de Jordi au milieu des années 90 avant de se recycler dans la fabrication de montres ethno ?
A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une petite jalousie capillaire, notre enfant acceptant mal de voir sa camarade de jeu arborer fièrement une crinière bien fournie tandis qu’il doit se contenter de quelques cheveux blonds placés ça et là avec parcimonie, pour le plus grand bonheur des parents qui au moins économisent sur le coiffeur…

La question reste ouverte. Faudra quand même un jour qu'il m'explique...