Wednesday, November 30, 2005

Oskar et la dame en rouge

Je ne sais pas pourquoi j'en parle ici, car quiconque se sera baladé dans les rues romandes aura vu la manchette à peine aguichante du Matin du jour. Rien de tel qu'une phrase choc dans un tel quotidien lorsqu'on ne s'est plus retrouvé sur le devant de la scène. C'est ce que devait se dire l'ami Oskkkar (je fais aussi de la provoc'), qui déclare tout de go au Matin que la politique de Calmy-Calmy est carrément antisémite. Il aurait été alerté par les organisations juives de Suisse; si c'est bien le cas, elles jouent à un jeu dangereux.
Que reproche cette fois Oskar au DFAE ? Avoir "imposé" à Israël le cristal rouge, et non pas aux Palestiniens. On peut ne pas être d'accord avec la politique étrangère de Calmy-Calmy, mais utiliser de tels propos, c'est vraiment faire de la politique de bulldozer, et surtout un moyen facile et bon marché de faire parler de soi. C'est clair qu'en disant que MCR est contre Israël, c'est nettement moins porteur que parler d'antisémitisme. Mais visiblement - polémiquez, polémiquez, il restera toujours quelque chose - c'est une tactique qui marche.
Le beau parleur valaisan oublie d'un côté la définition de l'antisémitisme et en plus nous fait croire que la Suisse aurait pu d'un coup de baguette magique faire accepter aux 192 états membres du CICR l'adoption du cristal rouge. Quant à son argument de dire que le cristal rouge risque d'être la cible d'attentats, il semble oublier cela serait revenu au même si le bouclier de David y avait été apposé. D'ailleurs on peut se demander si Israël serait d'accord que les Palestiniens utilisent en ce moment le même emblème, pour des raisons de sécurité là aussi évidentes.
M'enfin, y'a une chose qui m'échappe dans tout cela : est-ce que notre poète du terroir va-t-il suivre la consigne de son parti et voter pour Calmy-Calmy comme présidente à la place de Moritz ?
Oskar, attention à ne pas galvauder les mots; à ce rythme là, antisémitisme ne voudra bientôt plus rien dire. Et ça, ça pourrait devenir très dangereux.

Saturday, November 26, 2005



Deux pièces parisiennes
Une petite escapade la semaine dernière nous a permis de découvrir deux nouveautés sur la scène parisienne. Tout d'abord Une heure et demie de retard, de Sibleyras et Dell, déjà auteurs de l'excellent Un petit jeu sans conséquence. Patrick Chesnais et Evelyne Buyle y campent un couple marié depuis 30 ans, qui se rend à un dîner important pour l'avenir du mari. Mais l'épouse décide que ce soir, elle n'ira pas à ce repas, elle veut discuter, au grand dam de son mari qui lui, préferait discuter le lendemain. Rien n'y fait, et, pour le plus grand délice des spectacteurs, tous les sujets du couple y passe : la fidélité, prise à contre-pied, le travail, la retraite qui sonne pour la femme qui voit son dernier enfant quitter le foyer, les relations parents-enfants... Le tout soutenu par des dialogues vifs et très naturels.

Une réplique : Lui : "Attends, tu viens de me dire que tu ne m'as pas trompé avec Jacques. Non mais tu te rends compte que nos dernières vingt années de mariage sont basées sur un mensonge !"

La seconde pièce était nettement plus "trash" : La Chèvre ou qui est Sylvia, de E. Albee. Connaissant l'auteur de Qui a peur de Virginia Woolf, je pensais bien que la pièce serait assaisonée au vitriol; mais à ce point... Je me disais que la présence d'André Dussolier allait quelque peu à l'encontre de ce préjugé. Sans doute la plus grande partie des spectateurs aux cheveux blancs et parsemés devait penser la même chose : ils ne se sont guère chauffé les mains à la fin du spectacle. Moi même j'étais assez mitigé à la fin de celui-ci. Car celui qui ne ressent pas de malaise pendant cette pièce a des soucis à se faire au niveau soit de ses tendances sexuelles, soit de ses capacités linguistiques. En effet cette chèvre du titre n'est autre que la maitresse du personnage principal de la pièce, campé par Andre Dussolier. Un architecte riche et reconnu, entouré d'une femme intelligente et délicieuse, d'un fils dont il feint ne pas désapprouver l'homosexualité. Et qui trompe sa femme, comme dans un bon vaudeville, mais avec un animal à barbichette blanche. Albee veut créer le malaise, veut transgresser, et par là-même nous interroge : jusqu'ou peut-on aller trop loin ? Quels sont les tabous aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est le plus problèmatique : avoir de tels penchants ou le fait que les autres l'apprenne ? Sur le moment la pièce agit comme un coup de poing - elle ne laisse pas indifférent - et elle a le mérite de nous faire réfléchir et discuter à la fin de la représentation.

Friday, November 25, 2005

Désolé

Tiré de l'Express :

La plus grosse compagnie pétrolière chinoise a présenté hier ses "plus profondes excuses" pour l'explosion d'une de ses usines, le 13 novembre dernier. Cinq personnes sont mortes et le fleuve est depuis pollué au benzène.

C'est ce qu'on appelle présenter des excuses aussi plates que de l'eau...

Ca va doit leur faire une belle jambe aux 4 millions d'habitants que ne peuvent plus consommenr leur eau courante !

Tuesday, November 22, 2005


C'est pas écrit la Poste, là !
L'adresse écrite sur l'enveloppe était Chemin des fraisiers 25. Elle était fausse. Le facteur était-il nouveau dans le coin ? Ou bien avait-il reçu des directives très strictes qui disaient "toute adresse éronnée ou incomplètes doit être immédiatement renvoyée à son expéditeur, qui, en cas de récidive, sera flagélé sur la place publique"? A moins que le facteur, français sur les bords, n'ait décidé de faire une grève symbolique pour défendre le service public et par conséquent de ne jamais chercher plus loin que ce qui est écrit sur la lettre? "Si c'est écrit Fraisiers 25, c'est Fraisiers 25, et comme il n'y a personne de ce nom aux Fraisiers 25, c'est que l'adresse est erronée! Qu'importe si une personne portant non seulement le même patronyme, mais aussi le même prénom, habite au Fraisiers 12, sur cette lettre, c'est écrit 25...." J'suis pas un imbécile, je suis postier, aurait dit l'autre...

Quand je pense qu'à une époque j'ai reçu une carte postale avec comme unique mention mon nom ainsi que Rue de la Soif, Sion !

Moralité, à la Poste, ils sont vraiment aux fraises !

Paris ne brûle pas !

Bien sûr me dira-t-on, on ne peut pas juger du retour au calme et de l'état des banlieues après avoir fait un week-end de tourisme au sein de la capitale! De tourisme en outre "élitiste" puisque nous avons profité de ce week-end pour voir deux pièces jouées actuellement à Paris. Cependant je tenais à faire en quelque sorte contre-point à certains textes lus dans des blogs qui indiquaient que la ville lumière était à feu et à sang, que la situation était intenable et que cela signifiait la fin du "modèle d'intégration européen" (si tant est qu'il en existe un...). Alors, juste pour remettre les idées en place à ceux qui regardaient cela presque en souriant parce que cela leur permet de mettre en avant le système d'intégration américain, je soulignerai que :

1. Lors des trois semaines de troubles, sans doute grâce au sang-froid des autorités et de la police, il n'y a pas eu mort d'homme, ce qui n'a pas été le cas lors des Riots de Los Angeles.

2. La situation ne s'est pas transformée en "Intifada", comme certains média ont voulu le faire croire. Le terme Intifada renvoyant directement à la question palestinienne, il faut noter que les arabes se sont nettement moins soulevés que les Africains, par exemple.

3. Le tout a été fortement envenimée par les médias. Je pense notamment à France 2 qui a tronqué le reportage où Sarko a utilisé le mot "racaille" qui a mis le feu à la goutte qui a fait déborder le vase.

Quoiqu'il en soit, il ne faut pas se voiler la face, sans mauvais jeu de mots, problème il y a et problème il y aura, tant que de tels ghettos existent - notamment parce que des banlieues riches contournent la loi et préfèrent payer une amende que d'avoir à accueillir, pas le biais des logements sociaux, la population en difficulté, et tant qu'on n'osera pas dire ce qui ne va pas, notamment le fait que l'immigration a été totalement incontrôlée en France, avec une politique de regroupement familial, si elle est certes humainement compréhensible, est politiquement ingérable. Problème il y aura aussi, tant que la France n'offre pas comme autre rêve de réussite sociale celle de finir dans le 11 de France (ou sur le banc du 11 de France, ce qui n'est pas mal non plus...).

Quelques intellectuels (dont Kahn, dans le dernier numéro de Marianne, dont on ne trouve pas trace malheureusement sur le dossier consacré aux banlieues de l'édition en ligne) proposent de rétablir, à la place du service militaire, un service civil obligatoire (et non facultatif, comme cela a été proposé). Cela permettrait un brassage social, ethnique et culturel. Mais souhaite-on vraiment obtenir cela ?

Update 1 : Dans l'Express, Sarkozy répond largement sur la question des banlieues. Non pas que je sois d'accord avec tout ce qu'il avance, mais il livre certaines pistes intéressantes. Dommag qu'il fasse une dichotomie social / emploi (il ne faut rien faire pour le social, tout pour l'emploi...) Extraits :


Première erreur: on a cherché à aider des territoires plutôt qu'à aider des individus. Aider des territoires, ça veut dire aider tout le monde, celui qui veut s'en sortir, mais aussi celui qui ne fait rien pour cela. Ça permettait à la société de se dérober et d'ignorer qui il fallait aider, c'est-à-dire les personnes issues de l'immigration maghrébine et d'Afrique noire. On n'a pas eu le courage de dire cela et on s'est protégé avec l'aide au territoire. Deuxième erreur: on a fait du social là où il fallait offrir du travail. On a aidé les colonies de vacances, on a créé des terrains de football, on a distribué des subventions là où il fallait donner une formation. Troisième erreur: on a refusé de regarder le problème des banlieues en face. On a nié l'existence de bombes à retardement à dix minutes du centre de la capitale de la France et de la plupart de ses villes. Quatrième erreur: on a laissé à penser qu'on pouvait confondre générosité et impunité. L'impunité, ce n'est pas de la générosité, c'est de la complicité. Voilà les quatre erreurs et les quatre changements de cap profonds que je souhaite réaliser.

(...) Mais ce ne sera pas une police de proximité pour dire bonjour à des commerçants qui, par ailleurs, ont déserté ces quartiers, ce sera pour interpeller, pour protéger et pour punir chaque fois que ce sera nécessaire. La police va arriver dans les quartiers à 17 heures et partir à 4 heures du matin, parce que ce sont les horaires des voyous qui trafiquent de la drogue ou volent des voitures! Ça, c'est de la vraie prévention et de la protection. Demandez aux habitants de la Cité des 4 000, à La Courneuve, pourquoi elle est restée calme ces derniers jours! Demandez-leur si la situation n'a pas changé! Parlez aux vrais habitants de cette cité, où je suis allé trois fois, et vous verrez s'ils trouvent qu'il y a trop de police!


Et Sarko possède un talent pour botter en touche :

N.S. Vous devriez dire: enfin un ministre de l'Intérieur républicain! Le droit de vote des étrangers, par exemple, c'est un facteur d'intégration.
Express : Mais ce n'est pas le sujet du moment, puisque ces émeutiers sont quasi tous Français et ont donc le droit de vote!
N. S. C'est vrai, mais cette question du droit de vote je l'ai soulevée dès 2001 dans mon livre Libre. En rappelant cette proposition, j'ai simplement voulu dire que je ne faisais pas d'amalgame. Par ailleurs, 15 pays sur 25 dans l'Union ont déjà donné le droit de vote aux étrangers. Au fond de moi, je pense qu'on n'a pas été assez ferme sur le respect des devoirs et pas assez généreux sur l'expression des droits. Profondément, je crois que les civilisations sont plus mortelles par les risques de consanguinité que par l'ouverture. On disparaît quand on se referme sur soi- même. La France n'est que l'histoire d'une diversité qui nécessite, d'ailleurs, un Etat fort. C'est la force de cet Etat que je rétablis dans les banlieues et jamais l'expression Compagnie républicaine de sécurité n'a été aussi vrai !



Wednesday, November 16, 2005

Bientôt une salle de spectacles à Fribourg ?
Cela fait 10 ans que j'habite cette belle ville de Fribourg, et cela fait 10 ans que je me dis qu'il est tout de même anormal qu'une ville de taille moyenne dans la perspective suisse, chef lieu d'un canton et surtout ville universitaire, n'ait toujours pas de salle de spectacles digne de ce nom. Chaque année apportait son lot de rumeurs et de dénégations...
Depuis quelques années, le projet de Grands-Places tient la corde. Le conseil général de la ville de Fribourg a la semaine dernière accepté le crédit de 27 millions destinés à la construction de cette salle. Est-ce enfin le bout du tunnel ? Pas sûr, étant donné qu'un referendum a été lancé et qu'il est soutenu par plusieurs partis politiques. Pas sûr non plus, car il se trouvera toujours des gens pour préférer un autre emplacement, ou un autre type de construction, ou pour dénier l'importance d'une telle salle pour la ville. Espérons que cette coalition des fâcheux ne l'emporte pas ! Et espérons également que le canton se penchera au chevet de son chef-lieu afin de le soutenir financièrement dans cette tâche.
Je reviendrai sur le sujet dans de prochains billets.

Tuesday, November 15, 2005


Il y a encore du boulot....

J'ai depuis longtemps estimé que la Turquie pouvait entrer dans l'UE. Je sais que cette opinion n'est pas majoritaire en Europe, pour diverses raisons, dont certaines - mais pas toutes - sont clairement empreintes de racisme. Et bien hier soir, à la télé, je me suis dit que certains supporters de l'équipe turque de football ont apporté de l'eau au moulin des détracteurs de la Turquie... Oh, loin de moi l'idée de penser qu'un hooligan suisse ou allemand soit beaucoup plus finaud que ce que les images de la TSR nous ont montré, mais tout de même, ce qui s'est passé à l'aéroport devait être assez exceptionnel... Le tout sous l'oeil condescendant ou presque des autorités, estimant que cela était mérité après que les supporters suisses aient sifflés l'hymne national turc lors du match aller (ce qui doit effectivement à condamner). Le pauvre Köbi en a perdu son flegme légendaire. Espérons que cela ne dégénère pas mercredi...Seul point positif, les supporters se préparent visiblement à l'entrée dans l'UE grâce à des cours d'allemand. Mais je ne savais pas qu'Assimil enseignait à écrire "Nique ta mère" dans la lange de Goethe....

Update 16.11.05 : Entre temps, les autorités turques ont calmés le jeu et se sont officiellement excusées. Sans doute ont-elles compris que les éruptions "spontanées" des ces fans ne déservaient pas la cause du pays. Tant mieux, cela nous permettra peut-être d'avoir un véritable match de foot ce soir. Tant mieux aussi pour les Turcs de Suisse, qui ont dû se sentir quelque peu dépassés par les événements, et qui devaient moyennement apprécier la manchette du Blick d'hier "Honte à vous, les Turcs !"... Non, les médias ne sont pas toujours brillants non plus.