Bienvenue au Club - Jonathan Coe
Certains livres ont, malgré la spécificité de leurs personnages ou le contexte dans lequel ils se déroulent, une valeur universelle dans le sens où ils touchent le lecteur parce qu’il a vécu des situations similaires ou connu des gens qui ressemblent aux personnages du roman. The Rotter’s Club (en français Bienvenue au Club), de Jonathan Coe, fait partie de cette catégorie. Sa lecture était pour moi un retour aux sources, à la période du collège, des tentatives de drague et des échecs amoureux, du journal qui a soudé une bonne équipe de copains, de notre groupe de musique et des crasses que nous faisions ou avons vu faire aux profs.
The Rotter’s Club se centre sur la vie d’adolescents d’une bonne école de Birmingham, à une époque où n’existait ni videos, ni téléphone portables, encore moins internet… Dans cette deuxième décennie des années 70, les luttes syndicales battaient leur plein, on était avant le gouvernement Tatcher, les attentats de l’IRA frappaient les pubs anglais et le punk pointait son bout du nez sur les platines. C’est sur ce fond historico-culturel, qui joue un rôle important dans le roman, que se déroulent les existences tout ce qu’il y a de plus normales de Benjamin, l’artiste en herbe éperdument amoureux de la beauté du collège de filles d’à-côté, à qui il n’a jamais osé adresser la parole, Philipp, son ami qui espère plus que tout monter un groupe de musique, Doug, un fils de syndicaliste qui veut refaire le monde à travers le journal du collège. Mais en arrière-plan on découvre également la vie de leurs parents, oscillant entre cachoteries et gros scandale. Je voudrais en raconter beaucoup plus, mais ne veux pas vous gâcher le plaisir de la lecture, car il faut dire que les personnages sont très très attachants et que je voulais absolument savoir ce qui allait se passer, comment ceux-ci allaient terminer leurs aventures, leurs amitiés, leurs découvertes.
Une fois de plus, Coe – dont j’avais adoré What a carve up ! (Testament à l’anglaise) – multiplie les points de vue pour faire vivre ces personnages. Il utilise de manière assez fine divers types d’écriture, relatant certains passages par le biais du journal du collège, ou sous forme d’entretien, et même de discours prononcé 20 ans plus tard. Il termine le bouquin avec un chapitre sans ponctuation qui vaut à lui seul le détour. Je viens d'attaquer avec grand plaisir The Closed Circle, la suite de Rotter's Club, dans laquelle on retrouve les mêmes personnages mais 20 ans plus tard, en pleine bourre du New Labour.