Fin de cauchemar
Ca va être un coup dur pour les altermondialistes qui en avait fait leur documentaire favori, mais aussi une pierre de le jardin de ceux qui, comme moi, pensent que la réalité n'est pas si facile à appréhender, et que les discours simplifiés de tous bords sont rarement la vérité. Vous vous souvenez du Cauchemar de Darwin, documentaire de 2005 montrait comment un écosystème régional tanzanien avait été détruit par l'introduction d'un poisson dans le lac dont la chair, sauf la tête, était destinée aux populations occidentales. Pire, les avions qui étaient utilisés pour le transport des poissons n'arriveraient pas vides en Tanzanie, mais bourrés d'armes. Mais pour étayer cet argument, Hubert Sauper n'arrive pas véritablement à trouver de témoins, sauf à la fin un pilote qui affirme avoir amener des armes en ... Ouganda. Mais ce témoignage semble-t-il suffit amplement pour effectuer une affiche qui, tout géniale soit-elle, laisse peu de place à l'interprétation.
J'avais hésité à aller voir ce docu, qui paraissait excellent, et qui fut encensé par les médias. Certains aujourd'hui, comme Charlie Hebdo, qui parle maintenant du Bobard de Darwin, ou Le Monde, ont émis de sérieuses critiques par rapport au Cauchemar, critiques qu'Arrêt sur Images a reprises et analysées aujourd'hui. Deux arguments surtout méritent d'être soulignés : le fait que les pêcheurs ont pu effectivement augmenter leurs revenus de la pêche, suite à cette introduction, sur lequel Hubert Sauper passe comme chat sur braises. Et ensuite le fait que l'argument principal du film, à savoir le commerce d'armes, est loin d'être démontré.
Loin de moi l'idée de dire que tout va bien en Afrique et que le système économique aujourd'hui mondialisé fonctionne à merveille; par contre je trouve important de souligner que ce n'est pas en forçant le trait, en trichant finalement avec la réalité qu'on fera avancer le développement, qu'un intervenant à l'émission appelait justement le maldéveloppement, en Afrique. Et surtout on constate que même un documentaire qui, au départ, était encensé, peut être par la suite critiqué. Il est important que ces critiques soient également relayées par les médias. Il sera intéressant de voir si les médias suisses romands s'emparent également de l'affaire, où si ils préfèrent laisser leur public croire aveuglément ce que leur a suggéré le documentaliste.